L'article ci-dessous est paru dans le quotidien Le Courrier de Saône-et-Loire, France, pages 1 et 8, le 4 novembre 1954.
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PARIS. -- C'est un document sensationnel qu'un jeune photographe lorrain vient d'apporter au dossier des soucoupes volantes. Pour la première fois une photo d'un engin mystérieux a été prise. Ce document qui a été publié par notre confrère "L'Est Républicain" se présente sous la forme d'un disque lumineux avec une coupole supérieure surmontée de trois protubérance avec une sorte d'antenne.
Notre confrère indique que c'est le 23 octobre dernier que M. Jean Gérault, 23 ans, photographe à Sarreguemines, a réussi cet exploit que nous avons signalé en son temps.
Jean Gérault, écrit notre confrère, se trouvait dans la soirée près de Welferding quand il vit, à une certaine distance de la route briller une vive teinte orangée, qui l'intrigua. C'était comme si un véhicule en stationnement se signalait à l'attension en laissant allumé un seul et puissant phare.
La puissance même de ce phare étonnait.
"Des gens ont peut-être allumés un feu", songea-t-il également.
Avançant sur la route qui traverse en ces lieux une cuvette, Jean Gérault marche vers la lumière. Il en était peut-être à un kilomètre.
Il se trouvait encore à deux ou trois cent mètres d'elle lorsqu'il eut un haut-le-corps: il venait de réaliser que le foyer lumineux
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émanait nom d'un phare peu commun d'un véhicule, mais d'une coupole dont il devinait à ce moment déjà nettement les contours, et qu’il irradiait une masse aux reflets métalliques que la coupole dominait. Il constatait dans le même moment que l'engin inconnu ne se trouvait pas sur la route, mais un peu à l'écart, dans les prés voisins.
Instinctivement, il regarda tout autour de lui. Mais personne ne bougeait dans la pénombre.
COMME UNE ASSIETTE RETOURNEE
Alors il se hasarda, se coulant d'arbre en arbre, en bordure du chemin, poussé par une curiosité qui, en lui, le disputait à l'effroi.
Il voyait maintenant très bien la soucoupe. Car c'en était une, de la forme la plus classique, celle que l'on a un peu comparé à une assiette creuse retournée.
C'est ainsi que, le cœur battant et le souffle court, rampant à demi dans le fossé qui borde la chaussée, se redressant derrière chaque arbre, il parvint à se dissimuler derrière un tronc, à une dizaine de mètres environ de l'engin.
Celui-ci se tenait immobile, à un mètre ou un mètre cinquante de hauteur au-dessus du pré voisin. Il ne reposait sur rien, mais émettait un ronronnement léger comme celui que feraient entendre un moteur électrique en fonctionnement.
La partie inférieure, aux poli métallique, était limitée, à l'extérieur, par une sorte de bande assez mince, métallique elle aussi, du moins en apparence.
La partie supérieure était d'une matière semblable à du verre dépoli.
Une forte antenne, fixé à la partie inférieure, se dressait assez nettement au dessus de l'ensemble.
Tout l'intérieur de la coupole était éclairé et, par endroits, les rayons marquaient le "verre dépoli" de zones plus vives comme si plusieurs foyers lumineux avait projeté leurs faisceaux de l'intérieur vers l'extérieur.
En raison de la consistance même de la coupole, Jean Gérault ne pouvait rien distinguer de ce qui se trouvait au-dedans.
L'engin, dans son ensemble, avait peut-être cinq mètres de diamètre et de mètres de hauteur.
QUATRE POSES
Dans la poche de sa gabardine se trouvait un petit appareil photographique. Quel est le photographe professionnel qui, souvent, ne porte pas son instrument de travail sur lui?
C'était un Kinax Junior, doté d'une ouverture 6,3, qu'il avait emprunté à son père, tandis que son appareil personnel, un Welta 6 1/2-11, était en réparation.
Un film Lumipan 6:9 garnissait le Kinax.
Tout tremblant qu'il fut, Jean Gérault, ne voulait pas manquer l'occasion exceptionnelle qui s'offrait à lui.
Au jugé, comme il put, après s'être assuré encore qu'aucun être - humain ou non - ne bouge autour de lui, il se livra à une mise au point approximative de l'appareil.
Craignant de ne pas réussir un instantané, il s'appuya, de la main qui serrait le Kinax, contre le tronc de l'arbre et prit une pose qui dura environ une seconde.
"A douze mètres de la soucoupe, tremblant de la tête aux pieds, j'ai pris comme cela deux vues... Et puis l'appareil m'est tombé des mains. Je me suis baissé pour le ramasser, et pris encore deux autres clichés, toujours en pose, et puis, sans demander mon reste, courbé autant que je le pouvais dans le fossé, j'ai fui en arrière, jusqu'à une soixantaine de mètres de l'engin."
DEPART EN OBLIQUE
"Je ne sais pourquoi, mais c'est à partir de cet instant que j'ai réalisé plus encore la peur qui était en moi.
"Derrière un autre arbre, j'ai alors regardé la soucoupe un peu mieux que je ne l'avais fait alors que je la photographiais."
C'est en ces termes que Jean Gérault nous conte l'épisode le plus dramatique qu'il vécut en ce samedi soir.
Une minute peut-être après son retour en arrière, sans que rien de particulier, sinon un accroissement de l'intensité de sa lumière n'ait annoncé son départ, Jean voyait soudain la soucoupe s'élever en oblique vers le ciel, passer très vite au-dessus des bosquets voisins, et disparaître loin en avant de lui dans les nuages bas.
Notre confrère se garde bien de tirer une conclusion de ces faits, ni des documents qu'il reproduit. Mais le lieutenant-colonel Leroy, vice-président de l'Aéro-Club de l'Est a déclaré à ce sujet:
"Les documents qu'on vient de me soumettre sont impressionnants. J'ai eu connaissance jusqu'à présent d'un seul document photographique sérieux: celui qui a été pris aux Etats-Unis, il y a déjà quelques années. C'était une photographie d'ensemble d'engins en l'air. A la vue du document américain, on évoque la possibilité de phénomènes lumineux du système lenticulaire, rencontrés souvent dans le ciel. Tandis que la photo présentée ici a des aspects matériels beaucoup plus précis et plus concrets. On demeure perplexe devant les photos qu'on vient de me mettre sous les yeux."