L'article ci-dessous est paru dans le quotidien L'Aurore, Paris, France, page 11, le 30 septembre 1954.
![]() |
Un médecin de Chambéry donne pourtant une description minutée et minutieuse d'une apparition bizarre au-dessus du lac du Bourget
DECIDEMENT, Les soucoupes volantes font recette. Jamais on n'en a autant signalé que ces jours derniers. Et le plus fort, c'est qu'aux mauvais plaisants, aux naïfs et aux obsédés, se joignent maintenant des témoins qu'on pourrait qualifier de "dignes de foi".
Les effets de cette psychose visionnaire et extra-terrestre ne se sont pas faits attendre: on commença à enregistrer des cas d'affection [sic] nerveuse chez ces spectateurs convaincus d'avoir entrevu quelques messagers d'une autre planète.
C'est ainsi que, lundi dernier, une habitante de Valence (Drôme), Mme Lebœuf a fait le récit suivant:
- Je m'étais rendue à Chabeuil, chez mes beaux-parents. Après le repas de midi, je suis allée au cimetière fleurir le caveau de famille et, de là, j'ai continué vers le bois du château dans l'intention de chercher des champignons. C'est un endroit que je connais parfaitement.
"Il était environ 14 h. 30. J'étais en train de cueillir des m&ucurc;res dans la haie lorsque mon chien s'est mis à aboyer derrière moi. Croyant qu'il s'agissait d'un épouvantail, je me suis avancée vers le chien et c'est alors que j'ai vu "l'épouvantail" s'avancer vers moi: c'était un être à figure humaine, mais dont la taille ne dépassait pas 1 m. 10. Il m'a fait l'impression d'un enfant qu'on aurait mis dans un sac de cellophane. Je me suis enfuie en hurlant et je me suis jetée dans la haie, où je me suis tapie.
"C'est alors que, du champ de maïs, s'est élevér une soucoupe volante. Elle est partie en biais et ne faisant pas plus de bruit qu'une grosse toupie qui ronfle. Elle allait relativement lentement lorsque, arrivée au bout du chant, elle a basculé en position verticale et s'est élevée à une allure vertigineuse."
Mme Lebœuf, à la suite de cette émotion, s'est alitée avec 39 de fièvre. Elle est toujours en traitement.
Voici ce qui s'est passé sur un train de marchandises qui circulait mardi soir sur la ligne Nantes - Auray.
Alors que le train roulait à faible allure entre Redon et Saint-Nicolas, le chauffeur, M. Paroux, cria au mécanicien, M. Girard:
- Regarde là! Qu'est-ce que c'est?
C'était tout simplement une soucoupe allongée, en forme de cigare, qui semblait s'élever au-dessus des marais voisins et disparut vers l'ouest en laissant une vive lueur violette. Le phénomène, selon les deux hommes, dura de cinq à six secondes.
M. Paroux fut terrassé de saisissement et le mécanicien dut terminer sa besogne. M. Paroux s'est alité.
D'autres témoins d'apparitions "martiennes" se montrent moins émotifs.
Dans LES ALPES, le directeur d'un music-hall parisien a affirmé avoir filmé un mystérieux appareil qui évoluait à une hauteur estimée par lui à 700 mètres. Bien entendu, il attend avec impatience le développement de sa pellicule.
Près de FEYZIN (Isère), un jeune homme a raconté qu'il avait aperçu dans la campagne, non loin du sol, un engin "ayant la forme d'un dôme d'où jaillissait une lumière très vive". Selon lui, l'appareil monta à la verticale, fit jaillir une pluie d'étincelles et disparut.
Dans les DEUX-SEVRES, à AUGE, des habitants disent avoir observé un phénomène analogue. A Sainte-Pezenne, M. Picaud, directeur d'une brasserie, qui circulait en auto sur la route de Fontenay-le-Comte, a aperçu (dit-il) un curieux disque astral. Ce disque était d'un jaune étincelant.
Beaucoup plus troublante parce que émanant d'une personne de formation scientifique, est la déclaration faite par le docteur Martinet, dermatologiste de Chambéry.
- Dimanche dernier à 17 h. 12, nous a déclaré le docteur Martinet, alors que nous revenions du Col du Chat, j'aperçus soudain, à l'aplomb de la Croix de Nivollet, à une altitude que j'évalue à 2.000 mètres environ, une masse grise aluminium foncé. Ayant dépassé la base aérienne, j'arrêtais mon véhicule et les conducteurs de trois autres voitures qui me suivaient en firent autant.
"Il était 17 h. 14' 30" exactement lorsque nous commençâmes à suivre les évolutions de la soucoupe. J'avais d'abord pensé à une trombe d'eau mais le vent soufflait du nord-ouest et l'engin venait du sud. Trente secondes plus tard, alors que nous étions une quinzaine de personnes à observer la soucoupe, elle descendit en feuille morte, puis se présenta distinctement sous la forme d'une assiette creuse dont la partie convexe était tournée vers le haut.
"A 17 h. 16, alors que l'engin se présentait de face, c'est-à-dire sous la forme d'un disque parfait, nous pûmes constater qu'une zone plus claire occupait son centre et que des taches sombres se trouvaient tout autour. Après quoi, la soucoupe vint à l'aplomb de la gare du téléphérique du Revard, descendit légèrement, puis brusquement disparut comme un éclair en s'élevant à la verticale. Suivant les angles sous lesquels nous l'observions, elle changeait de couleur, passait du gris très foncé au gris clair. Il étaient exactement 17 h. 18' 40" lorsqu'elle disparut."
Le phénomène avait duré un peu plus de quatre minutes. Ce qui permit de consigner les différents stades de son évolution et de la minuter.
Précisons que le docteur Martinet, qui est un ancien observateur d'artillerie, se trouvait spécialement qualifié pour une telle observation, et qu'étant donné la réputation dont il jouit, son sérieux ne peut être mis en doute.
Un rapport circonstancié sera d'ailleurs établi au plus tôt à l'intention de la préfecture de la Savoie.